

Dona Nobis Pacem
« Agnus Dei, qui tollis peccáta mundi, miserere nobis.
Agnus Dei, qui tollis peccáta mundi, dona nobis pacem. »
« Agneau de Dieu, qui enlèves le péché du monde, prends pitié de nous.
Agneau de Dieu, qui enlèves le péché du monde, donne-nous la paix. »
Parce que Dieu a laissé impunis les péchés commis autrefois, au temps de sa patience, et qu’il a pardonné les péchés des croyants de l'Ancien Testament dans l’attente du sacrifice à venir…
Parce qu’il est admis que Dieu pardonnera aujourd'hui et demain sur la base de son sacrifice passé, accompli une fois et à jamais au sommet du Golgotha par son fils…
Parce que Jésus, offrande ultime et parfaite, expira sur la croix pour racheter leurs fautes et parce que versant sur le bois tout son sang, il érigea, vainqueur, le pont éternel et fragile entre Dieu et les hommes, que la rébellion du péché avait pourtant éloignés...
Et parce qu’enfin Dieu demeure Saint et qu’il pardonne à tous en leur offrant la Paix, alors sans cesse le peuple chrétien réclame à son père :
« Dona nobis Pacem ! »
La paix que les hommes ont inscrite dans leur rêves au panthéon des valeurs les plus nobles, mais que chaque seconde dans leur chair ils trahissent, la paix que le Fils, pas à pas, a offerte au peuple de son père, tout au long de sa vie jusqu’au chemin de croix ; qu’en ont-ils fait ?
Faut-il que ce fils providentiel, prince de la paix, mène la guerre à tous les maux des hommes ? Faut-il que son chemin soit sans fin quand la famine demeure et l’opulence croît ; faut-il que son calvaire monte plus haut quand la pollution menace et que les besoins s’amplifient, faut-il que sa croix soit plus lourde quand les armes tuent et que leur industrie prospère ? Faut-il que pour la paix des hommes, l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, devienne lui-même un loup et meure au combat comme un soldat féroce et cependant vaincu ?
« Lupus Dei, qui tollis peccáta mundi, dona nobis pacem ... ? »
« Loup de Dieu, qui enlèves le péché du monde, donne-nous la paix ... ? »
À travers quinze tableaux, inspirés des quinze stations traditionnelles de son chemin de croix , Jésus traverse un univers onirique et explosif, où les couleurs s’affrontent et l’empêchent en même temps qu'elles le soutiennent.
Puisant dans l’iconographie christique de Gustave Doré, les images romantiques du graveur se heurtent à la violence de notre temps, la photo et l’infographie se mêlent à l’or et à l’émail pour faire naître un monde paradoxal ; miroir d’une quête divine entravée par nos lacunes humaines.
Jésus n’y apparaît plus seulement comme le messie biblique fondateur du christianisme mais transcende cet état pour devenir le témoin imaginaire du calvaire d’un peuple que Dieu, son père, a laissé libre.